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On cherche à m’imposer des croyances ou des pratiques

Mise à jour le 3 mai 2021

Ta situation

Quelqu’un dans ton entourage (tes parents, ta famille, ton copain ou ta copine…) cherche à t’imposer des croyances, une religion ou des pratiques que tu ne souhaites pas ?

Ceci est interdit ! Personne n’a le droit de te dire ce que tu dois croire, penser ou faire.

Dans cette fiche tu trouveras des explications sur les notions de liberté de culte et de dérive sectaire, des informations sur ce que tu peux faire et le contact d’associations qui peuvent t’aider.

Liberté de culte et dérive sectaire, c’est quoi ?

La liberté de culte, c’est le fait de pouvoir choisir sa religion ou pas de religion du tout, et de la pratiquer ou non. Si tes parents ont le droit de te transmettre leur croyances et les pratiques qui y sont liées (contraintes vestimentaires, alimentaires…), c’est-à-dire de te les enseigner, ils n’ont pas le droit de te forcer à y croire, ni à les appliquer.

Toute personne, ou groupe de personnes, qui t’impose une pratique dont tu ne veux pas ne respecte pas tes droits. On parle alors de dérive sectaire.

Une dérive sectaire, c’est le fait d’enfreindre ta liberté de pensée, d’opinion ou de religion en faisant pression sur toi. Par exemple, si quelqu’un te fait du chantage affectif en te disant “Si tu ne pratiques pas, je serai très déçu(e) et tu ne seras plus mon fils/ma fille”, ou que l’on te menace, “Si tu ne pries pas, tu seras puni(e)”, on fait pression sur toi pour t’imposer une croyance ou des pratiques que tu ne souhaites pas. Cela porte atteinte à tes droits fondamentaux, notamment à ta liberté de choix et de jugement.

De la même manière, si certaines pratiques que l’on t’impose vont à l’encontre des règles et des lois françaises, il s’agit de dérives sectaires. Par exemple, on ne peut pas t’interdire d’aller à l’école sans bonne raison, car l’école est obligatoire. On ne peut pas non plus te forcer à te marier. Certaines pratiques peuvent parfois porter atteinte à ton intégrité physique ou mentale, c’est-à-dire te blesser physiquement ou mentalement : les mutilations génitales féminines (excision), le port de ceinture de chasteté, les jeûnes prolongés, l’enfermement dans une salle pendant de longues heures…

Comment savoir si je suis victime de dérive sectaire ?

Si tu te reconnais dans l’une ou plusieurs des situations exprimées ci-dessous, il est possible que tu sois victime de dérive sectaire.

Atteintes aux liens familiaux
  • Le groupe te demande de rompre les liens avec ta famille (parents, grands-parents…), tes amis ou ton/ta petit(e) ami(e).
  • Un de tes parents est membre d’une secte et t’interdit de rendre visite à ton autre parent qui n’est pas membre du groupe. Si tes parents sont séparés et qu’un droit de visite et d’hébergement a été décidé par un juge, ne pas s’y conformer est illégal.
  • Ton parent ou tes parents membres du groupe remettent leur autorité parentale entre les mains du gourou qui décide à leur place ce qui est bien ou mal pour toi.
  • Tes parents consacrent tout leur temps à leur groupe spirituel et te négligent (tu dois te débrouiller pour aller en cours, pour te nourrir, pour aller au sport…)
  • Tes parents t’imposent leurs pratiques spirituelles (participation au culte, prière, distribution de tracts…) et te culpabilisent ou te punissent si tu ne le fait pas correctement.
Atteintes au développement social, moral et intellectuel
  • Sous l’influence de leur groupe, tes parents refusent de t’instruire à l’école comme les autres enfants et remettent continuellement en cause les connaissances qui y sont enseignées (ils privilégient la théorie créationniste au détriment de la théorie évolutionniste, par exemple). En te privant du socle commun enseigné à tous les enfants, on t’empêche de t’insérer dans la société et d’accéder à la citoyenneté. Parfois, c’est le groupe lui-même qui, contre l’avis de tes parents, te pousse à abandonner tes études pour te consacrer, selon lui, à une tâche plus importante mais surtout en adéquation avec ses objectifs.
  • Ton groupe t’empêche d’accéder à des sources d’informations autres que les siennes.
  • Le discours de ton groupe ne laisse pas de place à la contradiction et toute remise en question est interdite sous peine de punition ou d’exclusion.
  • Tu dois te soumettre aux règles établies par le groupe et appliquer quotidiennement ses préceptes, ce qui t’empêche d’être autonome :

– Pratiques alimentaires imposées (jeûne, alimentation carencée),
– Prières,
– Port de vêtements liés à la doctrine du groupe,
– Interdiction de participer à des fêtes…

  • Dans ton groupe tu entends ou tu lis des discours affirmant que toute la société est mauvaise et qu’elle la cause de tes problèmes. Ta seule porte de sortie passe par ton adhésion au groupe qui est le seul à détenir la vérité.
  • La société est diabolisée par le groupe, les personnes qui ne sont pas membres du groupe sont perçues comme des infidèles et un danger pour ta foi (interdiction d’avoir des relations amicales ou amoureuses avec des personnes qui ne sont pas membres).
  • Le groupe t’impose de surveiller et de dénoncer les manquements religieux des membres du groupe. En cas de non-respect des règles, le/la fautif(ve) peut être soumis(e) à des confessions et des humiliations devant tout le monde.

Tout cela est anormal et peut porter atteinte à ton développement psychique et nuire à ton intégration sociale. 

Atteinte à l’intégrité physique

Pratiques médicales

Tu dois être vigilant(e) si le groupe auquel tu appartiens ou dont tes parents sont membres impose des pratiques en matière de santé qui peuvent être dangereuses :

  • On ne te soigne pas ou on ne te donne pas de médicaments lorsque tu en as besoin
  • On ne te fait pas faire les vaccinations obligatoires
  • On refuse la médecine conventionnelle (celle pratiquée par les médecins et remboursée par la Sécurité sociale)
  • L’hospitalisation est interdite alors que tu en as besoin
  • Les transfusions sanguines sont interdites alors que tu en as besoin (tu as perdu du sang suite à un accident par exemple)
  • On ne recoure qu’à des méthodes de thérapie naturelles pour te soigner


Violences physiques

  • On te demande de te soumettre aux exigences du dirigeant du groupe ou à sa doctrine sous peine de châtiments physiques (coups de fouet, torture…) ou psychologiques (peur d’une punition divine, sentiment de culpabilité…). Certaines pratiques religieuses peuvent entrainer des mutilations physiques (excision, scarifications). Il arrive parfois que des enfants soient soumis à des rituels dangereux pouvant entrainer le décès (par exemple, l’exorcisme). Certains gourous justifient des attouchements sexuels, ou des viols en prétextant des raisons spirituelles.

Quoi faire dans cette situation ?

En parler à un(e) adulte

Tu peux en parler à un adulte en qui tu as confiance et extérieur à cette situation ; quelqu’un de ta famille, un(e) ami(e) de la famille, un(e) professeur(e), un(e) médecin, un(e) psychologue de la Maison des adolescents (trouve la maison la plus proche de chez toi ici)…. Cette personne pourra t’aider dans les démarches que tu souhaites entreprendre.

Signaler la situation

Si tu fais face à une situation de dérive sectaire ou que tu penses que cela risque de l’être, tu peux signaler ta situation à l’une ou l’autre de ces structures :

  • 119 – Allô Enfance en Danger – Des professionnels de l’enfance répondront à toutes tes questions et t’aideront à te sortir de cette situation. Tu peux appeler tous les jours de l’année, même la nuit, et l’appel est gratuit depuis tous les types de téléphone (portable, fixe, cabine téléphonique). Tu n’es pas obligé(e) de donner ton nom pour être aidé(e), et si tu as peur que la personne qui t’impose ses croyances ou ses pratiques voie que tu as appelé, sache que le 119 est un numéro qui n’apparaît pas sur les relevés de téléphone fixe ou portable.
  • La MIVILUDES (Mission Interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) en remplissant ce formulaire. Tu seras pris(e) en charge et orienté(e) dans tes démarches.
Contacter des associations
  • L’UNAFI

L’Union Nationale des Associations de Défense des Familles et de l’Individu victimes de Sectes vient en aide aux victimes de pratiques abusives exercées par des organisations de type sectaire. Les associations de son réseau (ADFI) reçoivent les victimes afin de les conseiller et de les accompagner dans leurs démarches : conseils personnalisés, mise en contact avec des professionnels (psychologues, avocats…), aide dans les dépôts de plainte, constitution de dossier juridique, mise en place de groupes de parole… Tu peux consulter la carte du réseau ici et obtenir les coordonnées d’une association près de chez toi.

  • LA MIVILUDES

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires peut donner son avis par e-mail en cas de doute sur une situation, via ce formulaire. Tu peux également informer d’une dérive sectaire pour obtenir de l’aide ou être orienté(e) dans tes démarches, via ce formulaire.

  • Le CCMM

Le Centre Contre les Manipulations Mentales accueille et aide les familles et les personnes victimes des mouvements susceptibles de dérives sectaires. Tu peux trouver le centre le plus proche de chez toi ici.

  • Allô Enfance en Danger

Des professionnels de l’enfance t’écouteront et répondront à toutes tes questions pour savoir comment améliorer la situation. Tu peux appeler le 119 tous les jours de l’année, même la nuit, et l’appel est gratuit depuis tous les types de téléphone (portable, fixe, cabine téléphonique). Tu peux également les contacter via leur tchat internet (rubrique « Besoin d’aide? » sur le site), accessible depuis ta tablette, ton smartphone, ton ordinateur etc., les lundis, mardis, jeudis et vendredis de 15h à 19h, et les mercredis de 13h à 19h. Tu n’es pas obligé(e) de donner ton nom pour être aidé(e), et si tu as peur que la personne qui veut te faire intégrer une secte voit que tu as appelé, sache que le 119 est un numéro qui n’apparaît pas sur les relevés de téléphone fixe ou portable.

Signaler une infraction à la Justice

Si tu estimes qu’une infraction a pu être commise (qu’on a abusé de la vulnérabilité liée à ton âge pour te faire faire des choses dangereuses pour toi ou interdites, par exemple), tu peux directement déposer plainte auprès de la gendarmerie ou du commissariat de police le plus proche de ton domicile. Tu peux également le faire par courrier auprès du Procureur de la République du Tribunal de grande instance (TGI) de ton lieu de résidence. Tu trouveras toutes les adresses des TGI ici.

La loi et tes droits

La Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE)

Articles 12, 14, 16, 17, 28 et 31 :

Article 12 : « L’enfant qui est capable de discernement a le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant ».

Article 14 : « L’enfant a le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ».

Article 16 : « Nul enfant ne fera l’objet d’immixtions (le fait de s’immiscer) arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance (…) ».

Article 17 : « L’enfant a le droit d’avoir accès à une information et à des matériels provenant de sources nationales et internationales diverses (…) ».

Article 28 : « Tout enfant doit pouvoir bénéficier de la même instruction et pouvoir aller à l’école dans un environnement favorable à son apprentissage ».

Article 31 : « L’enfant a droit au repos et aux loisirs, de se livrer au jeu et à des activités récréatives propres à son âge, et de participer librement à la vie culturelle et artistique ».

Les dérives sectaires

La loi française ne sanctionne pas l’appartenance d’une personne à un mouvement sectaire ; toutefois les dérives sectaires, elles, sont condamnées.

Une personne qui abuse de la situation de faiblesse d’un mineur pour le conduire à un acte ou à une abstention qui lui sont gravement préjudiciables (c’est-à-dire qui lui fait du tort) risque 3 ans d’emprisonnement et 375 000€, voire 5 ans d’emprisonnement et 750 000€ d’amende s’il s’agit du dirigeant d’un groupement sectaire (article 223-15-2 du Code pénal).

Logo de l'UNADFI

Cette réponse a été rédigée par l’équipe de la Fondation pour l’Enfance, en s’appuyant notamment sur les documents de l’UNADFI. Ce dernier y a par ailleurs ont aimablement contribué en faisant part de son expertise sur le sujet.