Votre situation
Votre enfant parle régulièrement avec une personne qu’il/elle ne connaît pas sur Internet, aimerait rencontrer cette personne « en vrai » ? Vous avez des doutes sur l’identité et les intentions de cette personne ? Elle demande à votre enfant des photos ou vidéos intimes ?
Si Internet peut voir naître de très belles amitiés et même des relations amoureuses, être en contact avec des inconnus peut aussi exposer à certains risques.
Cette fiche met en lumière les principaux risques sur Internet et donne quelques recommandations pour que votre enfant puisse chatter en toute tranquillité, en sachant se protéger.
Le grooming, ou quand une personne majeure sollicite sexuellement un(e) mineur(e)
On appelle « grooming » le fait qu’une personne majeure fasse des propositions sexuelles à un mineur de moins de 15 ans. Cela peut se faire via les forums, les réseaux sociaux, les chats, par webcam, mais aussi par téléphone ou sur des jeux en ligne.
La loi reconnaissant à l’enfant la maturité nécessaire pour consentir à partir de l’âge de 15 ans, on ne parle plus de grooming lorsque l’enfant a plus de 15 ans.
Les groomers peuvent être pédophiles (attirés par des jeunes qui n’ont pas encore fait leur puberté) ou hébéphiles (attirés par des jeunes adolescents, de 12 à 15 ans environ). Il n’y a pas de profil-type. Il s’agit en majorité d’hommes, mais parfois aussi de femmes, de personnes de 20 ans comme de 60 ans, de gens issus d’un milieu aisé ou défavorisé, mariés ou non, avec des enfants ou non.
Les groomers indiquent parfois leur âge réel mais se font passer le plus souvent pour des jeunes du même âge que l’enfant, en utilisant des photos d’autres adolescents voire d’eux-mêmes lorsqu’ils étaient plus jeunes. Ils font croire qu’ils ont les mêmes passions, qu’ils font les mêmes activités… Petit à petit, ils essaient de gagner la confiance de leur victime pour les amener à montrer leur visage, leur corps, leurs parties intimes, et pour les rencontrer.
Les groomers utilisent plusieurs méthodes pour séduire leurs victimes :
- Faire des compliments (« tu es très mature pour ton âge », « tu es très jolie », « j’adore la musique que tu écoutes »…). C’est agréable d’être flatté(e), surtout quand on est adolescent et que l’on ne se sent pas encore très bien dans sa peau, que l’on a quelques complexes…
- Se présenter comme un guide, en disant qu’ils peuvent résoudre les problèmes de votre enfant, que ce soit avec ses devoirs, ses relations amoureuses ou amicales, si votre enfant subit du harcèlement à l’école… Comme le ferait un parent. Si un enfant se sent seul et trouve difficile de se confier à un adulte, il peut être facilement séduit.
- Faire croire qu’ils ont les mêmes intérêts dans la vie, et vécu les mêmes expériences que l’enfant (le divorce des parents, le harcèlement à l’école…).
La sextorsion, l’extorsion appliquée au sexe
On appelle la « sextorsion » (qui provient des mots « sexe » et « extorsion ») le fait de diffuser des images sexuelles de quelqu’un ou de dire certaines choses qui pourraient porter atteinte à son honneur si cette personne ne donne pas d’argent, si elle ne répond pas à des demandes sexuelles, si elle arrête une relation...
Si les images intimes ont déjà été diffusées, on parle de sextorsion.
Si elles n’ont pas été diffusées, on parle de chantage, qui est tout autant interdit par la loi.
Le plus souvent, la sextorsion a lieu par webcam avec une personne inconnue, rencontrée sur un chat ou un site de rencontre. Celle-ci demande à ce que la victime se déshabille et en profite pour enregistrer la scène. Elle la fait ensuite chanter en la menaçant de diffuser ces images auprès de ses proches si elle ne donne pas d’argent.
Parfois, il s’agit aussi d’une personne qui est connue de l’enfant, en « vrai » ou sur Internet, avec qui il/elle a commencé une relation, et qui fait du chantage parce que l’enfant ne souhaite pas continuer cette relation, ou parce qu’il/elle ne veut pas donner d’autres photos ou vidéos sexuelles…
Si votre enfant se trouve actuellement dans une situation de chantage, que quelqu’un menace de diffuser un contenu sexuel qui le/la met en scène, vous pouvez consulter la fiche correspondante.
Quoi dire ? Quoi faire ?
En tout premier, en discuter !
Si vous n’avez pas encore eu de conversation avec votre enfant sur les risques d’Internet, c’est le moment. Il est important de faire de cette discussion un échange ouvert et non un discours moralisateur. Plus l’enfant a l’impression qu’on lui impose des choses et que l’on restreint ses libertés, plus il va avoir tendance à vouloir transgresser les règles.
Conseillez à votre enfant d’utiliser un pseudo sur Internet.
Il/elle ne doit donner ni son nom, ni son âge, ni son adresse, ni son école, ni son numéro de téléphone, ni ses photos… et encore moins à quelqu’un qu’il/elle ne connait pas. Et son mot de passe, à personne, pas même à ses meilleurs amis ou à son petit copain ou sa petite copine.
Conseillez à votre enfant de paramétrer ses réseaux sociaux et de ne pas ajouter d’inconnus.
Le paramétrage de la confidentialité sur les réseaux sociaux est très important pour que personne ne puisse avoir accès aux informations personnelles et aux photos de votre enfant. En ce qui concerne Facebook, vous trouverez la marche à suivre ici.
Conseillez à votre enfant de ne pas ajouter d’inconnus sur ses réseaux sociaux, ou au moins de paramétrer son compte pour qu’ils ne puissent pas avoir accès à ses informations personnelles et ses photos s’il/elle décide d’en ajouter.
Conseillez à votre enfant d'arrêter toute conversation qui le/la gêne et de signaler ces échanges.
Rappelez à votre enfant qu’il/elle n’a aucune obligation de continuer à discuter avec une personne qui le/la met mal à l’aise. Si c’est le cas, votre enfant peut stopper la conversation avec cette personne, la supprimer de ses amis s’il/elle l’a ajoutée sur ses réseaux sociaux et bloquer son numéro de téléphone.
Si votre enfant est victime de grooming, signalez les échanges que votre enfant a eus avec la personne sur Point de contact. Il est important de le faire pour qu’elle ne puisse plus entrer en contact avec d’autres mineurs.
Parlez de sexualité avec votre enfant.
Certains sujets sont plus difficiles à aborder, notamment la sexualité et les pratiques que votre enfant peut avoir sur Internet ou par texto (sexting, sexe par webcam…). N’hésitez pas à aborder le sujet des risques liés à ces pratiques, tout en préservant l’intimité de votre enfant, lorsque l’occasion se présente (une scène intime dans un film que vous avez vu en famille, un article de presse…), pour savoir ce qu’il/elle pense de tout cela et s’il/elle a les bons réflexes pour se protéger. Gardez bien à l’esprit que la sexualité de votre enfant le/la regarde, qu’il/elle n’a pas à vous en faire part, et qu’il s’agit simplement de s’assurer qu’il/elle ne se met pas en danger. Si cela est plus facile, son grand frère, sa tante, un adulte en qui votre enfant a confiance… peut aborder le sujet.
Utilisez des ressources pédagogiques.
N’hésitez pas à utiliser les vidéos de Vinz et Lou (à destination des 7-12 ans) pour prévenir des dangers de manière ludique. La vidéo « Pas de rendez-vous » est particulièrement adaptée pour la prévention du grooming. Les ressources d’Educnum, un collectif lancé par la CNIL, peuvent également être très utiles. Retrouvez tous leurs ateliers, posters, jeux et vidéos à ici.
Mon enfant a envie de rencontrer cette personne
Votre enfant s’entend bien avec la personne avec qui il/elle discute, et aimerait beaucoup la rencontrer « en vrai » ? L’en priver n’est pas une solution, d’autant qu’il/elle pourrait être tenté(e) de trouver un moyen pour la rencontrer « en douce ». Discutez-en pour trouver la meilleure solution, tout en lui rappelant les choses suivantes :
Sur Internet, on est protégé derrière son écran. On peut dire ce que l’on veut sur soi, s’inventer une nouvelle personnalité, un nouveau physique ou une nouvelle vie. Même si la personne avec qui votre enfant discute lui a donné des photos, rien ne lui garantit qu’il s’agisse bien de photos de cette personne. Il suffit de taper « garçon 15 ans » sur Google Images pour trouver plein de photos, qu’une personne mal intentionnée pourrait utiliser.
La rencontre peut très bien se passer, mais il se peut aussi que votre enfant ne tombe pas sur la personne qu’il/elle pensait connaître (un homme plus âgé, par exemple, qui chercherait des relations avec de jeunes filles), qu’il/elle soit déçu(e) parce que son apparence ou sa personnalité ne correspond pas à ce qui lui avait été décrit, ou parce que cette personne n’agit pas devant votre enfant de la même manière que sur Internet ou par texto (elle est plus agressive, par exemple).
Voici quelques conseils pour préparer la rencontre :
- Demandez à votre enfant qui est cette personne et où ils comptent aller ensemble.
- Assurez-vous que votre enfant n’y aille pas seul(e), et qu’il/elle soit accompagné(e) d’un ami ou d’un adulte.
- Choisissez un lieu public, et y aller de jour.
Rappelez à votre enfant qu’à tout moment il /elle a le droit de mettre fin à la rencontre ou à la relation.
Ce que dit la loi sur…
Le grooming
Il est interdit pour une personne majeure de faire des propositions sexuelles à un mineur de moins de 15 ans, en utilisant un moyen de communication électronique…
La loi interdit le grooming de 2 ans d’emprisonnement et 30 000€ d’amende. Si ces propositions sexuelles ont été suivies d’une rencontre « en vrai », la peine est portée à 5 ans d’emprisonnement et 75 000€ d’amende (article 227-22-1 du Code pénal).
Le chantage et de la sextorsion
Si quelqu’un menace de diffuser une photo ou une vidéo ou de révéler à tout le monde des choses qui pourraient porter atteinte à l’honneur si l’on ne donne pas d’argent, d’autres photos intimes, ou si l’on ne continue pas une relation… il s’agit de chantage.
La loi le punit de 5 ans d’emprisonnement et 75 000€ d’amende (article 312-10 du Code pénal).
Si la personne a mis ses menaces à exécution et qu’elle a diffusé ces photos ou vidéos, ou qu’elle a révélé des choses portant atteinte à l’honneur, on parle alors de « sextorsion », qui est punie comme l’extorsion : la peine est de 7 ans d’emprisonnement et 100 000€ d’amende (article 312-1 du code pénal).
Le droit à l’image : pas de photo, texte ou vidéo publié(e) sans consentement !
Le droit prévoit que l'image et les informations personnelles d'une personne doivent être protégées car il s'agit du droit fondamental à la vie privée des personnes (article 9 alinéa 1 du code civil).
Le consentement doit être donné par les deux parents lorsque la personne représentée sur l’image est mineure.
La transmission ou la diffusion de l’image d’une personne, se trouvant dans un lieu privé et sans son consentement peut être sanctionnée d’1 an d’emprisonnement et 45 000€ d’amende (article 226-1 Code pénal). S’il s’agit d’une image ou une vidéo prise dans un lieu public (dans la rue rue, la plage…), c’est aussi interdit, et l’on pourra se reporter à l’article 9 du Code civil.
Lorsque les photos ou vidéos intimes représentent une personne mineure, la peine est encore plus lourde : le fait, en vue de sa diffusion, de fixer, d’enregistrer ou de transmettre l’image ou la représentation d’un mineur lorsque cette image ou cette représentation présente un caractère pornographique est puni de 5 ans d’emprisonnement et 75 000€ d’amende (article 227-23 du Code pénal). Lorsque l’image ou la représentation concerne un mineur de 15 ans, ces faits sont punis même s’ils n’ont pas été commis en vue de la diffusion de cette image ou représentation.
Le harcèlement
La loi punit aussi le fait qu’une personne harcèle : celle-ci risque 1 an d’emprisonnement et 15 000€ d’amende.
La peine est plus lourde encore si l’enfant a moins de 15 ans OU si le harcèlement s’est fait sur Internet : 2 ans d’emprisonnement et 30 000€ d’amende, et peut même atteindre 3 ans d’emprisonnement et 45 000€ d’amende si l’enfant a moins de 15 ans ET que le harcèlement s’est fait sur Internet (article 222-33-2-2 du Code pénal).
Le harcèlement sexuel
Le harcèlement sexuel est le fait d'imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle, soit qui portent atteinte à la dignité parce qu’ils sont humiliants ou dégradants, soit qui créent une situation offensante, hostile ou intimidante.
Si la personne utilise une forme de pression grave pour obtenir un acte de nature sexuelle, même si ce n’est qu’une seule fois, la loi considère qu’il s’agit aussi d’harcèlement sexuel.
La loi interdit le harcèlement sexuel et le punit de 2 ans d’emprisonnement et 30 000€ d’amende, ou de 3 ans d’emprisonnement et de 45 000€ d’amende si l’enfant a moins de 15 ans (article 222-33 du Code pénal).
Cette réponse a été rédigée par l’équipe de la Fondation pour l’Enfance. L’association e-Enfance y a aimablement contribué en faisant part de son expertise sur le sujet.