Votre situation
Votre enfant a visionné des images ou lu des choses sur Internet qui l’ont bouleversé ? Vous ne savez pas comment en parler avec lui/elle ? Malgré la discussion, votre enfant est perturbé et continue d’y penser ?
Ne blâmez pas votre enfant
Qu’il soit tombé dessus par hasard ou qu’il ait été chercher ces images par lui-même.
Qu’il soit tombé dessus par hasard…
La diffusion de contenus sur Internet n’est pas toujours facile à maîtriser, et il se peut que votre enfant ait eu accès à des photos, des vidéos ou des textes qui l’ont choqué (illustrant des scènes violentes, qui font peur, des rapports sexuels…), sans avoir cherché à les consulter.
Selon les chiffres d’une étude réalisée en 2015, 78% des adolescents français de 13-17 ans disent avoir déjà été confrontés à des images érotiques ou pornographiques sans le vouloir. L’âge moyen de cette première confrontation était évalué à 12 ans et demi environ1. 64% des adolescents disaient avoir été choqués par ces images, auxquels ils ont eu le plus souvent accès via la publicité sur Internet, les recherches sur Internet et les réseaux sociaux.
1 DELMOTTE, Sophie (2016) Le sexting chez les adolescents : modalités, conséquences, rapports avec la pornographie et leur sexualité. Th. doct. : Médecine : Université Lille 2 Droit et Santé, 91p.
… Ou qu’il ait été chercher ces images par lui-même
Il se peut aussi que votre enfant ait spontanément cherché à voir ces contenus, pour se « sentir grand », pour faire comme ses copains ou par simple curiosité.
Selon la même étude, 39,4% des adolescents de 13-17 ans avaient déjà regardé intentionnellement de la pornographie.
Que ces contenus choquants aient été vus par hasard ou non, beaucoup d’enfants n’osent pas en parler parce qu’ils se sentent coupables et honteux. Il est important de ne pas blâmer votre enfant si vous le surprenez en train de regarder ce genre de choses ou s’il vous en parle. S’il fait la démarche de se confier, c’est qu’il a probablement été bousculé par ce qu’il a vu et qu’il ressent le besoin d’en parler.
En ce qui concerne les contenus pornographiques, n’oubliez pas que vous avez eu le même âge que votre enfant un jour ! L’accès à la pornographie était plus limité mais les questions que vous pouviez vous poser sur la sexualité ont certainement aussi titillé votre curiosité à la puberté. N’hésitez pas à jeter un œil sur notre fiche « J’aimerais savoir comment parler de sexualité avec mon enfant ».
Ce que vous pouvez faire
En discuter avec votre enfant : Expliquez-lui que ce n’est pas de sa faute, demandez-lui ce qu’il ressent, ne minimisez pas ses émotions, dites-lui que vous les comprenez et que vous-même, en tant qu’adulte, pouvez être choqué(e) par certaines images.
Il est important que l’enfant sache que tout n’est pas une question d’âge car il pourrait avoir envie de paraître « grand » et décider de ne pas vous en parler. Le psychiatre Serge Tisseron recommande de parler régulièrement des images que l’on aime avec ses enfants pour pouvoir « augmenter ses chances de pouvoir parler un jour des images que l’on n’aime pas ».
Si votre enfant a été choqué par des images pornographiques, il est important d’avoir une discussion sur le sujet avec lui. Si vous craignez qu’il soit gêné, privilégiez une conversation avec le parent du même genre. Expliquez-lui que ce qu’il a vu ne représente pas la « vraie » sexualité et que les stéréotypes sont très nombreux dans ces images : femmes souvent représentées comme des objets sexuels, sexe résumé à la pénétration et à l’orgasme masculin, pas d’utilisation du préservatif, multiplication des pratiques sexuelles de toutes sortes, sexes et corps aux proportions similaires, souvent refaits, qui ne représentent pas la diversité « de la vraie vie »… Sans ces explications, l’enfant qui a accès à des contenus pornographiques pourrait avoir une vision erronée de la sexualité : les garçons en ayant l’angoisse de devoir reproduire les performances qu’ils voient, en s’imaginant que les rapports sexuels reposent sur des rapports de domination, les filles en s’imaginant qu’elles doivent se soumettre aux désirs sexuels de leur petit copain…
Si la conversation est vraiment difficile, dites à votre enfant qu’il peut s’adresser à un adulte de confiance (son oncle, sa grande sœur…), tout en lui rappelant que vous êtes aussi prêt(e) à l’écouter s’il en ressent le besoin.
Il est plus facile de parler de ce genre d’images quand le sujet de la sexualité a déjà été abordé avec votre enfant. N’hésitez pas à le faire dès lors que l’occasion peut se présenter (une scène érotique dans un film que vous voyez ensemble, une photo…).
Si votre enfant a eu accès à des contenus pornographiques qui l’ont choqué (et même lorsque cela n’est pas le cas), il peut être très utile de se référer à des livres pour enfants qui expliquent avec leurs mots ce qu’ils ont pu voir, et ce qu’est l’amour et la sexualité. Vous pourrez trouver de nombreux ouvrages qui s’adressent aux enfants de tous âges, dès 5 ans !
Contacter une association spécialisée dans les dangers sur Internet.
Si vous ne savez pas comment parler à votre enfant de ce qu’il a vu, ou s’il ne souhaite pas vous en parler, vous pouvez vous adresser au 3018, le dispositif national contre les violences numériques. Accessible soit par téléphone, soit par tchat en direct sur 3018.fr via Messenger ou WhatsApp, ce service gratuit, anonyme et confidentiel est disponible du lundi au samedi, de 9h à 20h. Son équipe de professionnels se tient disponible accueillir, écouter et orienter votre enfant, mais également pour répondre à toutes vos questions liées à l’usage du numérique par votre enfant et pour vous accompagner et vous conseiller dans votre rôle d’éducation.
Installer un contrôle parental sur l’ordinateur qu’utilise votre enfant.
Il est très important de protéger l’ordinateur qu’utilise votre enfant pour éviter qu’il/elle ne tombe de nouveau sur des sites qui ne lui sont pas destinés.
Le gouvernement a notamment mis en place une plateforme d’information à destination des parents pour lutter contre l’exposition des mineurs à des contenus pornographiques en ligne. Rendez-vous sur le site jeprotegemonenfant.gouv.
Utiliser un moteur de recherche adapté.
Pour plus de sécurité, votre enfant peut utiliser Qwant Junior, un moteur de recherche sécurisé pour les 6-13 ans, qui ne permet pas d’accéder aux sites pornographiques et commerciaux.
Faire supprimer le contenu choquant.
Si ce que votre enfant a vu n’a rien à faire sur le site qu’il visitait (par exemple, des photos pornographiques sur Facebook), vous pouvez demander à faire supprimer ces images, ces textes ou ces vidéos. De cette façon, elles ne pourront pas choquer d’autres enfants.
Vous avez plusieurs manières d’agir :
- Si le contenu se trouve sur Facebook, vous pouvez utiliser le lien « signaler » présent à côté de tous les contenus. Vous trouverez la marche à suivre ici. D’autres ressources sur la sécurité sont également à votre disposition ici.
- Si le contenu se trouve sur Twitter, vous pouvez signaler les tweets et contenus choquants directement à partir des tweets ou via le centre d’assistance. Vous trouverez la marche à suivre ici.
- Si le contenu se trouve ailleurs que sur Facebook ou Twitter, ou bien si Facebook ou Twitter a décidé de ne pas le supprimer malgré votre signalement, vous avez la possibilité d’utiliser le site Point de contact. Rendez-vous ici pour faire le signalement.
- En signalant le contenu ici.
Δ Si ce que votre enfant a vu représente des scènes sexuelles impliquant des mineurs (de moins de 18 ans), ne faites pas de capture d’écran, cela serait considéré comme de la possession d’images pédopornographiques. Signalez ces contenus en utilisant directement le lien du site.
Si ce que votre enfant a vu nécessite l’intervention des secours (une personne a posté un message en disant qu’elle était sur le point de se suicider par exemple), contactez directement la police en composant le 17 ou les pompiers en composant le 18.
Consulter un(e) professionnel(le).
Si votre enfant ne se remet pas de ce qu’il a vu, qu’il a du mal à s’endormir, qu’il fait des cauchemars, en reparle régulièrement… n’hésitez pas à demander l’aide d’un psychologue ou d’un pédopsychiatre.
Et la télé ?
Il est important de prendre en compte la signalétique des programmes afin de ne pas exposer les enfants à des images violentes qu’ils ne sont pas en mesure de recevoir.
D’autre part, le CSA recommande de ne pas laisser regarder le journal télévisé aux enfants de moins de 8 ans, « l’information généraliste des journaux télévisés [n’étant] pas adaptée à leur sensibilité et [pouvant] les angoisser ».
Quel que soit le support via lequel votre enfant a vu des images qui l’ont choqué, le dialogue reste essentiel.
Je travaille au contact d’enfants
Vous êtes enseignant(e) ? Animateur(trice) ? Vous souhaitez faire de la prévention sur les dangers d’Internet ?
N’hésitez pas à utiliser les différentes ressources du site Internet sans crainte ou Educnum, ou à faire appel à une association spécialisée, comme e-Enfance, qui peut intervenir auprès d’enfants du CM1 à la seconde, mais aussi auprès des professionnels au contact des enfants.
Ce que dit la loi
« Dans un désir d’adaptation aux nouvelles technologies, la loi interdit la diffusion de contenus choquants à tous les documents numériques » (loi du 17 juin 1998).
La répression d’un contenu violent ou choquant sur Internet
Le fait de diffuser sur n'importe quel média possible un message à caractère violent, incitant au terrorisme, pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine ou à inciter des mineurs à se livrer à des jeux les mettant physiquement en danger est puni de trois ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende (article 227-24 du code pénal).
La peine prévue est aggravée quand le délit est commis sur Internet car il s’agit d’un support particulièrement propice à des diffusions d’images.
Le décret 2015-125 du 5 février 2015 vient préciser la procédure si le contenu du site est contraire à ces critères : dès lors que le ministère public en est informé par un internaute (via la plateforme internet-signalement.gouv.fr), il transmet la liste des sites en question aux fournisseurs d’accès à internet pour qu’ils procèdent à leur blocage dans les 24 heures.
La diffusion d’un contenu pornographique mettant en cause un(e) mineur(e)
La loi sanctionne la diffusion d'un contenu pornographique mettant en cause un mineur (article 227-23 du code pénal).
- Le fait de transmettre, de rendre disponible, de diffuser la représentation d’un mineur lorsqu’elle présente un caractère pornographique est puni de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende. Lorsque l’image ou la représentation concerne un mineur de quinze ans, ces faits sont punis même s’ils n’ont pas été commis en vue de la diffusion de cette image ou représentation.
- Les peines sont portées à 7 ans d’emprisonnement et à 100 000 € d’amende lorsqu’il a été utilisé à destination d’un public non déterminé, un réseau de communications électroniques.
- Les infractions prévues au présent article sont punies de 10 ans d’emprisonnement et de 500 000 € d’amende lorsqu’elles sont commises en bande organisée.
Les sites pornographiques
La loi limite l'accès aux sites pornographiques.
La jurisprudence de la Cour d’appel de Paris du 2 avril 2002 énonce l’obligation pour les éditeurs de sites pornographiques de prendre des « précautions utiles » pour bloquer l’accès des mineurs à leurs sites. Le fait réprimé par le Code pénal n’est pas la diffusion effective de contenus pornographiques mais le fait que le contenu puisse être perçu par ces mineurs.
A savoir : les précautions ne peuvent se limiter à la mise en garde sur les premières pages du site car le mineur aurait déjà pu visionner les contenus choquants dès lors qu’il accède au site.
Le terrorisme
La loi interdit le fait de provoquer directement à des actes de terrorisme ou de faire publiquement l'apologie de ces actes (article 421-2-5 du code pénal).
Lorsque les faits ont été commis en utilisant un service de communication en ligne notamment via Internet, les peines sont portées à 7 ans d’emprisonnement et à 100 000 € d’amende.
Cette réponse a été rédigée par l’équipe de la Fondation pour l’Enfance. L’association e-Enfancey a aimablement contribué en faisant part de son expertise sur le sujet.