Suite à la diffusion le 2 octobre dernier de l’émission Sept à Huit sur TF1, la Fondation pour l’Enfance souhaite s’exprimer sur la partie du programme traitant des maltraitances dont sont victimes les enfants, et notamment des violences sexuelles sur mineurs.
Le reportage montre notamment comment un policier de la Brigade des Mineurs prend en charge une plainte pour viol, déposée par une jeune fille à l’encontre de son ex-petit ami. Cette dernière avoue avoir menti et le policier profite de sa présence pour lui faire des remontrances sur la façon dont elle « s’expose » sur Facebook.
Le discours que le policier adresse à la jeune fille en présence de son père se base sur la responsabilisation et la culpabilisation. En soutenant que la jeune fille ne devrait pas « s’exposer » sur les réseaux sociaux car elle n’est pas majeure, aux risques de représailles, le discours du policier alimente la culture du viol. Ce concept est un ensemble de croyances qui tendent à banaliser, minimiser, voire tolérer le viol dans notre société. Vous trouverez plus d’informations sur le sujet ici : http://bit.ly/2efkyC4
Bien entendu, nous appelons les enfants et les parents à la plus grande vigilance quant à l’usage des réseaux sociaux et à la protection des données personnelles sur la toile. Cependant, sous-entendre que « s’exposer » sur Internet, comme le fait cette jeune fille, augmente les risques d’une agression sexuelle est un raccourci qui conduit à établir un lien de causalité entre les agressions sexuelles, le viol et certaines pratiques ou attitudes dans notre société, comme par exemple l’aspect vestimentaire. Une manière détournée de justifier l’apparition de futurs actes de viol comme l’explique Muriel Salmona, psychiatre et psycho-traumatologue, dans ce document : http://bit.ly/2eJgpVr
Par ailleurs, les propos tenus par la voix-off « la majorité des plaintes de viol sur mineurs sont de fausses allégations » sont erronés. L’Institut des Hautes Etudes de la Sécurité Intérieure rappelle que « le taux de fausses accusations de viol ou d’amplifications des faits ne dépasse pas 3 à 8% ». Ce chiffre avancé dans l’émission Sept à Huit est donc irrecevable et minimise la réalité du nombre d’actes de viol commis sur mineurs en France. De tels propos tenus sur une chaîne de télévision nationale peuvent entraîner de graves conséquences et décourager les victimes d’agressions sexuelles de saisir la justice, laissant croire aux agresseurs que le risque encouru après avoir commis un tel crime est moindre. Selon le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, seulement 11% des victimes (majeures et mineures confondues) portent plainte, et 13% déposent une main courante, sur l’ensemble des personnes victimes d’agressions sexuelles et de viol.
Afin de rétablir la vérité sur la réalité des viols sur mineurs, nous soutenons donc la demande de rectificatif adressée à l’émission Sept à Huit par le Conseil Français des Associations pour les Droits de l’Enfant (COFRADE), dont nous faisons partie, et par l’association le Monde à Travers un Regard.
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